Autres

à toi

Texte _ Denis Girard, paru dans le numéro 7 de la revue culturelle L'échancrier, Sherbrooke, 1976.

L'amour s'est fait des griffes pour tuer l'ennui.

L'amour a pris le temps de se chercher un corps.

L'amour avait perdu son cri, étouffé sous l'habitude.

L'amour avait dessiné une image, l'avait de soins, fait jaillir dans toute sa beauté, avait voulu la retenir comme une marionnette refaisant les gestes d'une découverte.

L'amour avait rejeté son nom, sali d'une nuit, où son désespoir l'avait égaré loin de lui-même. Il avait perdu foi en lui-même, il avait rejeté tous les visages, toutes les mains crispées et en caresses, tous les rêves de la solitude, tous les espoirs de chair; il avait fait le tour de l'homme.

L'amour avait quitté les têtes, les conventions, les nuits de noces, les images toutes faites, l'amour s'était fait putain pour comprendre (l'homme) les hommes.

L'amour s'était couché, drapé du déshabillé noir, la jarretelle au cou et les sourires de plâtres, des déesses de papier glacé s'étaient écroulées sous la tristesse du matin.

L'amour s'était servi à boire, avait appris à avoir soif, et de longues nuits durant, il s'enfuit de tous les lits pour divaguer, inventer une nouvelle façon qui durerait, saurait trouver sa place dans le temps et le travail.

L'amour s'était réfugié dans la tête, avait inventé une chambre de soies et de dentelles, l'odeur du savon et les premières caresses, juste au moment où le coeur n'en peut plus de désir.

L'amour prenait son temps pour bien se rêver.

L'amour avait tué ce rêve et s'en fabriquait un nouveau, chaque jour, avec le corps pour le faire éclater dans un cri.

L'amour avait fréquenté les usines, les bureaux et les cuisines.

L'amour avait eu bien des fils qu'il lui fallait nourrir, il s'était oublié pendant des années et voyait grandir celui qui saurait mieux que lui vaincre le temps.

L'amour avait délaissé ses longues attentes dans les salons des fréquentations où le corps participait du bout des doigts aux volutes de l'âme. Il s'était jeté dans la chair et les coïts successifs n'arrivaient pas à calmer sa détresse.

L'amour avait continué à chercher avec sa chair la douce étreinte. Il avait cru chaque fois la saisir, pouvoir l'habiter encore demain avec la même fièvre, la même démence.

L'amour s'était trompé bien des fois et ressemblait de plus en plus à l'homme.

Assez grande

paroles _ Denis Girard (décembre 2012)

La terre n’est pas assez grande
Pour retenir les grands galops
De ces purs sangs que tu montes
De tes désirs toujours plus beaux

La mer n’est pas assez longue
Pour accueillir les bleus bateaux
Qui filent au bout de tous ces mondes
Nés des étoiles, tombés d’en haut

Les seuls trésors que je possède
Vivent sur ce monde que j’ai pensé
Où l’amour dort dans une bouteille
Sur un navire de boucanier

La vie n’est pas assez facile
Pour jouer les putes et les catins
Elle sème les trappes du destin
Les rêves fous  comme des îles

La mort est juste assez cruelle
Pour qu’on se passionne pour la vie
Elle nous crie que tout est fini
Quand l’espoir nous mène à son lit

bénédicité

Texte _ Denis Girard, paru dans le numéro 7 de la revue culturelle L'échancrier, Sherbrooke, 1976.

Mes parents habitaient une maison de bois

Ma mère était le poêle, nous nous chauffions en tas

Les odeurs de beans, de ragout, de foie gras, nous tiraient à la table pour les repas.

Bénédicité, c'est bon et c'est chaud.
Bénédicité, dehors y fait beau.
Bénédicité, le toit est en croix
Bénédicité, la vie tu gagneras
Bénédicité, la souffrance : tu seras
Bénédicité que tu fasses ton devoir
et le ciel bleuté sera ta gloire.

Nous sommes de fer et de chair à la fois

La ville est en nous et usine nos pas

La ville nous emmène loin de vous
et les cris de vos peines
égratignent nos genoux.

La coupe et le calice, et le sein de ma mère
L'ostensoir et le bénitier et leurs corps mis à nus
Le lit de ma mère et l'autel sans fin
La vie éternelle et vos mains tendues.

Que fait-il qu'il se passe pour qu'on se rejoigne?

Le même sang répandu pour la vie, pour la vie
Ça rougeoie de partout le fouillis de nos pas
La guitare étouffe le tuyau des orgues
Les chants de détresse, les prières vers Dieu.

Et le cri de détresse qui monte de nos corps
Et tous vos désirs gravés en nous
Mille de vos rêves à vivre avant tout
Où construire la nouvelle maison

si chaude, si douce,
qu'y naissent les frissons
Le bois et la cendre de toutes vos années
habitent nos silences et viennent nous attiser.

De quoi avez-vous donc tant manqué
que notre passé nous force à lutter
Tant de murs à détruire, tant de faussetés
tant de temps à vous rattraper.

Grand-père, donnez-moi la main
Grand-père, que pourrai-je donc cultiver
Notre terre est-elle encore bonne
Qu'on puisse s'y planter et fleurir d'amour
et fleurir en paix.

Blue tango

Paroles _ Denis Girard

Refrain :
Les doux baisers volés
Les promesses de ta peau
Nos regards déchaînés
Toi et moi blue tango

L’amour est une danse une cadenc’ un tempo
Dès les premières mesures sur la pist’ on se lance
D’un seul regard homm’ et femme se mélangent
Pour le slow hot la folle samba le grand tango

Le slow dure une nuit, la samba des années
Le tango c’est l’instant, on se donne et on prend
Deux cœurs qui s’improvisent, tu me saoules, je te grise
Sans arrêt, tu me guides, je te suis, on dérive

Refrain

Il n’y a rien d’interdit chaque pas nous crie
C’est le rythme qui conduit cett’ marche démente
Il est beau et racé, elle troublante, révoltée
Tout est perdu, rien n’est gagné, la musiqu’ danse

Les je t’aime, les je te veux, les encore c’est mieux
Les ruptures la jalousie les traîtris’ au lit
Les insoumis les passionnés inassouvis
Joue le tout pour le tout la belle dernièr’ chance

Refrain

Il n’y a jamais d’gagnants, pas plus de perdants
Un seul vainqueur c’est l’engouement pour la danse
C’est merveilleux la romanc’ de ces cœurs qui tanguent
Insouciants et vibrants enlacés qui s’élancent

Tu me livres toutes tes suav’ pensées à nue
Tu me chevauches sous une lune violacée
Je me laisse totalement soumettre possédé
Je fracasse d’une gifle ton piège doré

Refrain

Bordel

Paroles _ Denis Girard (5 avril 2005)

Rien qu’une musique de bordel
De lieux mal famés de boxons
Des filles de petite vertu
Des maquereaux en pleine action
Tous les alcools de contrebande
Quelques maffiosi mélomanes
Voilà la très jolie maison
Du jazz de la tour de Babel

Le péché Mortel est de mise
L’infidélité coutumière
La plus grande extase est promise
Par ces amoureuses ouvrières
Le piano sonne la passion
La fine lingerie lui sert
De langoureuse évocation
De l’interdit de ce concert

Le jazz fait du libertinage
Favorise l’improvisation
Les instruments du bavardage
Le saxophone des vibrations
La contrebasse donne le rythme
Pousse la trompette vers l’évasion
Cette musique est née du sexe
Pousse la vie vers la fusion

Le jazz de la tour de Babel
Naquit un jour de perversion
Plus pure plus noble et plus rebelle
Que les classiques productions
Le jazz ne connaît pas de maître
Mais ses amis sont par millions
Jouer un peu pour vous connaître
Chaque musicien a sa façon

Candide

Paroles _ Denis Girard (janvier 2012)

Il en faudrait bien davantage
Des chevaliers de la confiance
Comme des aveugles derrière leur chien
Qui s’abandonnent et goûtent leur chance
Sans jamais se méfier de rien
Les pépins les pires catastrophes
Qui traversent le quotidien
Devant toi jamais ne se portent
Car tu es sûr que tout va bien

Refrain
Debout seul sur le bord du gouffre
Le long du cortège des souffrances
Tu crois que tout va pour le mieux
Face à la faucheuse qui rôde
Tu changes la mort en vacances

Tu as le cœur le plus candide
Et toutes les ronces de mon jardin
Deviennent si petites soudain
Quand tes canulars y fleurissent
Comme des drapeaux sur un parcours
Pour souligner nos belles conquêtes
Laissent la paix sur ma maison
Comme ces vieux films américains
Où le bonheur gagne à la fin

Je veux apprendre de ton regard
À croire que j’ai le grand pouvoir
De faire pencher la folle balance
Qui guide la couleur du destin
Vers les continents de la chance
Le cœur agit comme un aimant
Sur les deux pôles de l’avenir
Et le secret du devenir
Dépend du poète qui s’invente

Chicouk

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Interprète _ Julie Béchard

Quand je peux plus jouer avec personne
Que j’ai plus d’ami au téléphone
Que c’est plate à la télévision
Que je m’ennuie tout seul à la maison
Quand papa et maman sont partis
Je vais retrouver mon meilleur ami

Refrain :
Il s’appelle Chicouk et moi je le vois
Il raconte des histoires à dormir debout
On joue à des jeux et on fait les fous

Mon père a dit qu’il n’existe pas
Que c’est moi qui invente tout ça
Et ma mère veut le voir pour le croire
Mais moi je ne raconte pas d’histoire
Ils sont bien trop grands pour me comprendre
Ils sont trop sérieux pour l’entendre

Refrain

Il m’a dit que l’auto de mon père
C’est beaucoup plus sans en avoir l’air
Que soudain au milieu de la nuit
À minuit quand tous les chats sont gris
Elle se transforme en vaisseau spatial
Elle s’envole vers les étoiles

Refrain

Ce soir quand tout l’monde dormira
Chicouk et moi on s’envolera
Et quand viendra le petit matin
Et quand viendra le petit matin
Papa et maman ils verront bien
Papa et maman ils verront bien

Dans le ventre de maman

Paroles _ Denis Girard (juillet 2001)

Je suis amoureux d’une femme
Qui me porte au creux de son âme
Je suis en elle, elle est en moi
Jamais elle ne me quittera

Je suis gâté, logé, nourri
Dans un ballon super joli
Je suis dans le ventre de ma maman
Tout est facile, c’est épatant

Je suis dans un supermarché
Où tout est doux, tout est mouillé
J’ai deux mamelons pour me gaver
Je suis gonflé, je suis comblé

Je suis couché toute la journée
Je nage un peu pour m’amuser
Et quand j’ai le goût d’manger
J’ai rien à faire, j’suis connecté

Ma mère est mon vaisseau spatial
Je suis son passager spécial
Je flotte dans l’apesanteur
Dans le doux plasma d’son cœur

Je flotte dans une maison rose
Où j’imagine mille choses
Hier, j’ai inventé mon coeur
Je me construis de l’intérieur

Demain, je me ferai des yeux
Je crois bien que je suis un Dieu
Et puis il me faudra des mains
Je les dessinerai demain

Je suis au tout début du monde
Je grandis à chaque seconde
Dans l’usine de la galaxie
Je fais mon corps, je fais ma vie

Mais tout à coup ma maison tremble
Un ouragan qui se déclenche
On dirait qu’on veut m’expulser
Maman faut pas m’laisser tomber

Je suis amoureux d’une femme
Qui m’a chassé loin de son ventre
Je prends son sein entre mes mains
Je m’endors et je me souviens.

Jacques Barbeau : le chantre des souvenirs (hommage)

Paroles : Denis Girard.
Musique : René Béchard.
Voix : Élyse Béchard, René Lefebvre.

Le peintre vit dans ses souvenirs
Il met les voiles sur ses toiles

Le peintre vit dans ses souvenirs
Au cœur de ce petit village
Où la magie dessinait les images
De la vie d’un peuple sage
Qui grandissait sans ambages
Sous l’œil du curé qui veillait
Ses ouailles qui pêchaient le plaisir
De l’évêque drapé dans sa prestance
Avec grâce et fière contenance
La vie était faite de dimanches
Où le bonheur chantait au jubé

Son pinceau sait le rajeunir
Ouvrir les chemins des étoiles

Le peintre parle de son village
Quand la vie faisait bon ménage
Le diable jouait les bedeaux
Derrière la chaire pour les sermons
Le curé prêchait comme un démon
Le ciel tournait au bleu l’enfer au rouge
La quête encaissait les dollars
Le clergé veillait sur l’or et le grain
Les bonnes sœurs en soutanes
Angéliques sous leurs cornettes
Se rendaient gaiement à la messe
Les cloches sonnaient les saisons

Son chevalet sait le conduire
Au-delà des masques et des voiles

Le peintre ricane avec malice
Des péchés cachés sous la table
Du printemps au sirop d’érable
Des amoureux aux épousailles
De la carriole qui se rend à l’office
Des chevaux dansant en cadence
Sur la neige blanche du matin
Il suit l’habitant au bout du champ
Posant la fourche après les foins
Goûte la miche du bon pain
Récite le chapelet à genoux
Court les hôtels avec les filous

Il parle en ombres et en lumière
Devine les figures et les signes

Le peintre construit des énigmes
Son pinceau trace les lignes
Cache les rêves et les secrets
Il raconte les joies et les drames
De toutes ces bonnes âmes
Qui accouchent de ses mains
Il fait jaser sur ses toiles
L’oiseau et la feuille de l’arbre
Construit le calme et l’harmonie
Il connaît de Dieu les largesses
Donne la vie avec noblesse
S’abandonne au pire des courroux
Tue celui qu’il désavoue

Il perce les regards des pierres
S’abreuve aux célestes vignes

Le peintre s’abandonne à l’ivresse
Des jolies filles que la nuit caresse
Le violon met le cœur en liesse
Les hommes dévissent les flacons
On trinque à la bonne récolte
Aux petits qui entrent à l’école
Aux promesses folles de l’avenir
Demain comblera tous les désirs
La voix de l’orgue monte à l’église
Les vieilles filles grignotent complices
Les plus belles réputations

Le peintre chante ses souvenirs
Sur une musique de satyre

Le peintre mène la jacquerie
Contre la violence et la bêtise
La vie de demain lui semble grise
La sagesse du passé lui sourit
Le peintre étale sa palette
Le temps bascule par la fenêtre
C’est le voyage dans le temps
Il voit son père et le village
Sa mère dresse la table
Ça sent la terre et le printemps
Soudain le peintre a vingt ans
Tout le monde l’attendait pour la fête
La musique monte dans sa tête
Il est minuit il va renaître
Entre les cuisses d’une beauté
Le peintre est ressuscité

Le peintre vit dans ses souvenirs
Il met les voiles sur ses toiles
Son pinceau sait le rajeunir
Ouvrir les chemins des étoiles
Son chevalet sait le conduire
Au-delà des masques et des voiles
Il parle en ombres et en lumière
Devine les figures et les signes
Il perce les regards des pierres
S’abreuve aux célestes vignes
Le peintre chante ses souvenirs

Je sais bien quelque chose

Paroles _ Denis Girard
Novembre 2009

Je sais bien quelque chose
Que je ne peux pas dire
Ça vous gênerait si j’ose
J’aimerais mieux mourir

Les filles rêvent de jobs
Réservées aux garçons
De belles garde-robes
De sexe et de frissons

Les garçons se maquillent
Et portent des bijoux
Ils rêvent de famille
D’enfants sur leurs genoux

Les ministres s’engraissent
En vendant des contrats
Les profits dans leurs caisses
Personne ne le saura

Les pauvres vont à la guerre
Les riches vendent les fusils
Une industrie prospère
L’honneur et les profits

L’Amérique est en crise
Les banques perdent de l’argent
Les gens perdent leurs chemises
Les grands aident les grands

L’argent pille la nature
En goujat en cochon
La vie paie la facture
L’eau devient un poison

Les nations font la guerre
Pour protéger la paix
La mort et la misère
Les ruines et les déchets

Le salaire minimum
Nourrit les ouvriers
Les patrons vont à Rome
Ils l’ont bien mérité

Les Québécois renient
Les rêves de leurs aînés
Ils vendent leurs paradis
And speak money money

Je garde le silence
Sur les couchers d’soleil
Les plages chaudes et immenses
Les riches y vont pareil

Il y a parfois des choses
Qu’on ne peut retenir
C’est sérieux je suppose
Trop triste pour en rire

Je vis dans un monde d’étrangers

Denis guépard 2012-05-09

Nous vivons au pays des chiffres
Je dois trouver pour moi une niche
Dans la colonne des bénéfices
Ou des dépenses pas d’autres choix

Je vis dans un monde d’étrangers

J’attends avec mon formulaire
Broché au col de mon habit
Le bon ordre est protocolaire
Chacun sa place avance et suis

Je vis dans un monde d’étrangers

La catastrophe est mondiale
Faillite de la vie à crédit
Les bons comptes font les bons amis
Les emprunteurs sont des bandits

Je vis dans un monde d’étrangers

Je dors en chantant mes poèmes
J’écris le soir pour m’amuser
Je dois faire tourner ma mémoire
Ma richesse dort dans ma pensée

Je vis dans un monde d’étrangers

Kayak

Paroles _ Denis Girard (janvier 2012)

Dans cette vie chacun son kayak
Comme un beau cadeau à la naissance
On pleure dans la première descente
Du ventre si doux de sa maman
On apprend vite à le faire flotter
Sur les durs rapides de l’école
Le cœur détraqué par la violence
La fine cruauté et le mépris

Dans cette vie chacun son kayak
Comme une frêle coquille dans la famille
Dans les orages de l’adolescence
Quand la méchanceté y fourmille
Blindé dans la prison des silences
En rêvant du troublant corps des filles
Notre kayak chavire et se brise
Sous la chaude guimauve de l’amour

Dans cette vie chacun son kayak
On le croit à jamais fait pour deux
Et l’on étire notre frêle voilier
Qui doucement s’envole éthéré
On invente même les plus beaux enfants
Et capitane du bel équipage
On file toutes voiles dehors vers le large
Vers l’azur bleu et le beau temps

Dans cette vie chacun son kayak
Soudain l’esquif chargé se déchire
La femme quitte la première le navire
Le capitaine calcule les dégâts
Les enfants préparent leurs neuves croisières
Les deux parents retrouvent leurs affaires
Ils rapiècent seuls leurs vieilles voilures

Dans cette vie chacun son kayak
Les amis nous réchauffent le coeur
Ils partagent les voyages les conquêtes
Pour chaque kayak un seul modèle
Son grain de peau, sa coque, sa voilure
Comme figure de proue la signature
De cet authentique grand inventeur
L’homme seul génie de sa folle vie

Dans cette vie chacun son kayak
On sait la force des vents des marées
Les récifs éventrent tant de bateaux
Que le vieux loup vogue l’œil aux aguets
Le grand océan tellement l’attire
À chaque voyage le large le grise
Se savoir seul avec des milliers
Ému de son audace d’être lui

Dans cette vie chacun son kayak
L’amour l’a envoyé par le fond
Et tant mieux si la romance le brise
La passion vaut cent fois la dérive
On sourit quand on coule à la fin
Tous les visages défilent sur les vagues
Et puis le vide prend sa grande place
La mort frappe comme un violent baiser

L'homme de sable

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Arrangements _ René Béchard

Ma maison est de sable
Et je ne sais comment
Lutter contre les vagues
Les pluies et les courants
Je me cache dans la tour
La plus haute qui soit
Mais toujours les vents lourds
Et les colères du temps
Attaquent ma cachette
Et me frappent violemment
Je tremble dans ma tête
Et ris comme un enfant

Je construis des châteaux
Pour beaucoup de clients
Je les fais les plus beaux
De mémoire d’océan
Ils me font des reproches
Ils le voulaient plus grand
Plus petit ou plus proche
Du ciel et du beau temps
Je ne sais trop que dire
Je pleure au fond de moi
Je les laisse médire
Et soigne mon désarroi

Les rigueurs de l’hiver
La neige et les grands froids
Poudrerie et tempête
Glace noire et verglas
Fissurent mes pauvres murs
Abattent mes cloisons
Arrachent ma toiture
Ébranle ma maison
Je suis si épuisé
Je ne sens plus mon corps
Je vais me retaper
Je me battrai à mort

Je trouverai un matin
Le plan d’un beau bateau
Qui voguera dans les airs
Et volera sur l’eau
La voilure sera fine
Les mâts grands et puissants
Je ferai ma cabine
À l’épreuve des gens
Et pour mes bons amis
J’inventerai des châteaux
Contre les jours trop gris
Les pieuvres, les cachalots

L'homme trahi

Paroles_ Denis Girard (Mars 2010)

Bien installé dans l’éden
A la belle aube des temps
Adam dominait sans peine
Sa femme et tous les vivants
Il vit le fruit défendu
Êve couchée toute nue
Et sa supériorité
Tout d’un coup s’est écroulée
Devant les jolies rondeurs
De sa belle divinité
Et la femme prit le pouvoir
Et l’homme refusa d’y croire

Dieu, je suis un homme trahi
Par la sale géométrie
Ma femme possède l’arme fatale
Toutes ses courbes sont géniales
Je suis idiot quand je dis
Que mon coup droit c’est ma vie
Ma femme sait se déhancher
Pour totalement me troubler
Alors elle prend le contrôle
Et je la couvre de roses
Pour qu’enfin je puisse entrer
Dans le cercle des voluptés

Et me voilà qui exhibe
Tous mes attributs virils
Comme si c’était mon pouvoir
Qui fait glisser son fermoir
Car en amour pour grandir
Ma femme doit me secourir
J’ai beau jouer des biceps
Faire de la musculation
Même la plus belle érection
Peut s’écrouler d’un coup sec
L’étalon n’impressionne plus
Dès que madame n’en veut plus

Debout devant son miroir
Elle se dévêt chaque soir
La douce rondeur de ses seins
Ses hanches qui roulent si bien
Et lorsqu’elle pivote sans bruit
Deux sphères parfaites rosées
D’un seul coup viennent m’enjôler
Comment faire pour dominer
Le summum de la beauté
C’est Satan qui a créé
Ces boules ensorcelées
Qui savent nous aguicher

Un soir j’ai bien eu l’idée
De diviser pour régner
Je me suis pris une maîtresse
Une jolie blonde aux grandes tresses
Mais le triangle amoureux
M’a fait perdre mes cheveux
J’étais jaloux de l’amant
Qu’elle a pris en souriant
Il me fallait pour bander
Imaginer ses nénés
Sans elle je suis fini
Ma prestance ramollit

Je suis un pauvre homme trahi
Par la sale géométrie
Euclide avait tout compris
Le sexe m’a rendu zombi
A chaque jour de ma vie
J’écoute ma femme et je suis
Ma mère l’avait pourtant dit
N’écoute pas ton zizi
Un homme n’est plus rien sur terre
S’il ne mène pas ses affaires
Mais je suis un Québécois
Vive le matriarcat

L’oubli

paroles _ Denis Girard
Novembre 2006

J’oublie mes mots, je perds mes gestes
La porte reste-t-elle ouverte
Ai-je payé ces comptes-là
Je guette chacun de mes pas

La course folle des journées
Le bon repas à préparer
Le four rougit de mon erreur
Tout allumé pendant des heures

Le travail est fait de consignes
D’informations entre les lignes
Il faut écrire son souvenir
Pour l’empêcher de se mourir

La fatigue et les troubles du cœur
Brouille le temps de leur lourdeur
Les phrases ne se terminent plus
Les sujets errent dans les rues

Pour retrouver mes mots perdus
Les pas, les gestes décousus
La vie fait des répétitions
C’est le théâtre de la raison

Qu’il est triste de s’oublier
Comme vieux soulier sur le pavé
Les doux secrets sans la lumière
Des gouttes d’eau sur le désert

La bière

Paroles _ Denis Girard (5 août 2001)

En ouvrant ma toute première bière
Je me suis trouvé des amis
On riait de tout on claquait nos verres
Et on criait « Québec mon pays »

Le gros Pierre chantait Mexico
Avec la voix de Tino Rossi
Le Bougon nous parlait de jupons
De sexe fou et de séduction
Jean-Paul se voyait sur la grande scène

Sous les ovations et les bravos
Moi je rêvais d’amour et de filles
Sur les ailes de mon stylo à bille
Les politiciens sont tous des vendus
Pour un peu d’argent ils sourient à la reine
Les politiciens sont tous des vendus
Pour beaucoup d’argent ils lui embrassent le…

Dans cette taverne devenue brasserie
La bière faisait ses tours de magie
Gros Pierre devenait très sûr de lui
Le Bougon le grand Roi des charmeurs
Jean-Paul s’inventait des mélodies
Moi j’écrivais de grandes poésies

Après trois heures le cœur dans la bière
On était prêts pour aller draguer
Sous les bruits sourds de la discothèque
Avec au fond le besoin d’aimer

Et coule, coule la grosse bière
Pour nous donner un peu de chaleur
Quand au matin le cœur peu fier
On mentait pour sauver l’honneur

La fille était la plus jolie
Elle était merveilleuse au lit
Et blablabli et blablabla
On est si seul quand on fait ça

Les garçons sont tous des tordus
Pour un peu d’respect ils s’inventent des reines
Les garçons sont tous des tordus
Pour beaucoup d’respect ils leur prennent le …

La cage de mots

paroles _ Denis Girard (2010)

Tu as fait couler un peu de ton âme mon père
De la tienne dans la mienne, une lignée ancienne
Et si je marche droit c’est ton pas qui me guide
Tu as fait couler un peu de ton âme Ma mère
De la tienne dans la mienne de caresses en je t’aime
Et quand par bonheur j’aime c’est par tes yeux ta voix
Comme une signature inscrite au fond de moi
Je deviens homme tu vois comme on suit un chemin
Et si je fais les choses comme personne avant moi
Cette neuve manière C’est l’empreinte de nos doigts
Mes gènes ne gênent pas Ils sèment dans la terre là
Et la nouvelle moisson sera bonne tu verras

Je parle souvent trop peu j’aime bien mieux écouter
Je souris et j’attends je n’aime pas me presser
Je l’ai tant fait jadis à l’heure bête du travail
Où je voulais donner le savoir au bétail
Qui beuglait d’impatience devant cette abondance
De ces biens inutiles qui promettent le plaisir
Ces jolies cartes magiques aux couleurs du désir
Ils voulaient le premier elles voulaient le meilleur
Comme s’ils pouvaient tirer ce fameux numéro
Qui leur donne toutes les clés des plus grands rêves idiots
Un passeport éternel vers la facilité
Comme si faire des efforts était calamité

Il est devenu poète comme ça sans le vouloir
Comme cet étrange matin où une belle contrebasse
Se laissa trémousser sous le jeu de ses doigts
Il n’a de la jeunesse que la fougue l’apparence
Cette force tranquille qui défie le silence
Cette folle conviction que l’on peut tout risquer
Et toute cette tristesse devant la cruauté
Les saccages journaliers de l’eau du feu du pain
Tous ceux qui en ont trop et qui changent leurs mains
Pour des griffes acérées des langues de venin
Pour cet environnement abandonné aux chiens
Financiers ignorants torves politiciens

Un jour tu, je et il se retrouvent en pensée
Dans une cage de mots se promettent plus d’amour
Pour hier

Pour demain

La lave lave

Paroles _ Denis Guépard (novembre 2011)

Je tremble à mille
Sur l’échelle de misère
La lave lave
La vie contaminée
Oubliez Dieu
Il n’y a rien
Que le parfum du souffre

Je suis le volcan
Mort aux sourds
À chaque fois la même inconscience
Ça ne peut plus continuer
Comme ça

Je crie haut et fort
Je suis la blessure béante
Ont-ils assez détruit aujourd’hui
Profité du beau temps pour se raser
Une forêt d’impudeur
Ils ont bien ri hier au Ritz
Tandis que coulait le mazout
Dans une mer morte près de chez vous

Je suis la bouche de dégoût
À chaque fois
La même innocence
Ça ne peut plus continuer
Comme ça
Ou autrement

Je tremble à mille
Sur l’échelle de misère
La lave lave
La vie contaminée
Oubliez Dieu
Il n’y a rien
Que le parfum du souffre

La marche sur le bitume

paroles _ Denis Guépard (mai 2012)

Le tintamarre frappe les casseroles
Entre les mains flottent les banderoles
Les gros et les petits vont s’affronter
Évidemment le combat est truqué

Et claque claque claque sur le bitume
Le long si long concert de l’amertume
Le pays devient une country brisée
Ouverte et défigurée pour le fric

Tous les ouvriers, les petites gens
Marchent dans la rue criant et gueulant
Contre les gros et les gouvernements
Qui restent sourds à tous les arguments
Les syndicats n’ont plus d’utilité
Les grosses compagnies empochent tout le blé
Les courants de la vie frappent violents
Comme ceux de la mer par le mauvais temps

Et claque claque claque sur le bitume
Le long si long concert de l’amertume
Le pays devient une country brisée
Ouverte et défigurée pour le fric

Les petits crient fort contre l’injustice
Les révolutions n’ont pu rien changer
Hier les nobles aujourd’hui les bourgeois
Les pauvres exploités ne comprennent pas
Chez nous les révolutions sont tranquilles
On ne tue pas pour lutter pour ses droits
On survit le front bas les poches vides
Un petit pain que l’on mâche sans fin

Et claque claque claque sur le bitume
Le long si long concert de l’amertume
Le pays devient une country brisée
Ouverte et défigurée pour le fric

Le tintamarre frappe les casseroles
Entre les mains flottent les banderoles
Les gros et les petits vont s’affronter
Évidemment le combat est truqué

La signature. Peauaime

Paroles _ Denis Girard (novembre 2012)

Les hommes sont nus
Les hommes sont seuls
Les hommes sont fous
Sans l’amour de la femme
Celle qui les enflamme
Les cajole de leurs larmes
Leur invente une âme

Les hommes sont des bouteilles jetées à la mer
Une rupture et la folie leur murmure la mort
Ils se croient obligés de tout arracher
D’écraser de démembrer la vie partagée

Les hommes s’inventent seulement dans l’amour de la femme
Ils coulent au fond comme des coquilles remplies de vase
Certains hommes solitaires flottent comme des épaves
Sans gouvernail ni boussole ils naissent un jour
L’amour de soi, le besoin de jeter caillou
Dans la rivière et d’inventer quelques cercles
Qui se répercuteront au fil de l’eau comme
Une signature

La vérité

Paroles _ Denis guépard (juin 2012)

La vérité est une vraie girouette
Dès qu’on la croit elle nous fait une pirouette
La vérité change souvent de face
Noble et sublime elle nous fait une grimace

Les anciens savants étaient convaincus
Que la terre était plate comme une tarte
Et que si les gens marchaient jusqu’au bout
Ils tombaient pour toujours au fond du trou
Mais la terre est comme un ballon
Et tourne dans l’espace comme les avions

La vérité aime bien se costumer
Changer son allure pour tous nous niaiser
Hier les femmes étaient des animaux
Juste assez bonnes pour faire bouillir de l’eau
Maintenant elles commandent tous les maris
Dirigent des entreprises et des pays

La vérité est bonne pour un temps
En tenant compte d’où vient le vent
Alors jeunes et vieux soyez donc sérieux
Ne mettez jamais vo’t tête à couper
Pour la vérité de vos belles idées
Pour sauver la face il vaudrait bien mieux
Parler d’hypothèses, ça fait plus sérieux

Les idées comme la mode reviennent souvent
Séduire les jeunes en se travestissant
La tolérance laisse croire que nous savons
Qu'on sera jugés en rois des cons.

Le bateau de l’amitié

Paroles _ Denis Girard (février 2012)

Sur la galère de l’amour
Quand la romance vient à manquer
Pour les chagrins des mauvais jours
Prends le bateau de l’amitié

C’est toute une fête dans la vie
Quand on s’entoure de vrais amis
Quoiqu’il arrive on est choyé
De bras chauds pour nous entourer

Ils ont tous l’âme de capitaines
Luttant chaque jour pour rapporter
De beaux trésors dans leurs mains blêmes
D’avoir trimé toute la journée

Quand on pousse des cris de détresse
Les amis viennent nous repêcher
Ils lancent leurs bouées de tendresse
Et la tempête sera passée

Notre bateau tient bien le cap
Vers les belles îles de l’amitié
Avec un panier et une nappe
La bière et le vin pour chanter

Et vogue, vogue le bateau
Ton équipage tient bien la barre
Les capitaines guettent le phare
Les étoiles guident le rafiot

Les vrais amis mon bleu navire
Tu es seul à porter ce nom
Les autres ont frappé la banquise
Ont coulé droit de par le fond

Sur Saint-François notre rivière
Navigue au beau milieu de l’eau
Un bleu bateau comme une chaumière
Les vrais amis notre vaisseau

On m’a monté bien des bateaux
Des histoires à dormir de bout
Des promesses en l’air pour les fous
Mais ce bateau tient toujours l’eau

Le doux mensonge

Paroles _ Denis Girard

Je me raconte un doux mensonge
Quand je ne me sens pas très bien
Quand ma vie tourne au mauvais songe
Quand je me noie dans mes chagrins

Je suis le plus heureux des hommes
À chaque seconde de ma vie
J’aime une belle sauvageonne
Elle dort bien au creux de mon lit

Je l’amène tout droit vers le sud
Sur ces plages où il fait si beau
Elle marche habillée d’un chapeau
La mer verdoie sur sa peau
Nue

Je la guette assis à la table
Après le travail à cinq heures
Elle raconte ses longues batailles
Ses grandes victoires et ses douleurs

Nous ouvrons un bon vin corsé
Le jazz chuchote seul en secret
La truite exhale ses fumets
Son rire nous fait tout oublier

Nous faisons de longues ballades
Dans les sentiers au fond des bois
Nous lavons nos pensées malades
Dans le blanc soleil qui rougeoie

Nous rêvons de faire ce voyage
Dans tous ces pays merveilleux
La Grèce l’Italie et l’Irlande
Les poches pleines le cœur joyeux

Je serai toujours son trésor
Son élixir de belle vie
Nous habiterons dans son corps
Sur l’île de la fantaisie

Le bonheur n’est plus un mensonge
Lorsque nous y croyons tous deux
Il se moque si bien des songes
Sous la fureur de ses grands yeux

Le marcheur

Paroles _ Denis Girard
Octobre 2009

Je marche tout seul à chaque jour
Je marche pour sortir de ma cour
Je marche pour sauver ma raison
Je marche pour mieux dormir la nuit
Je marche pour faire taire ma colère
Je marche pour oublier mes peines
Je marche pour voir la lune blême

Comme un chameau perdu dans le désert
Je marche pour oublier l’enfer
De vivre sans une once d’amour
Je marche pour fuir tous les vautours
Les profiteurs chacun pour soi
Je marche pour retrouver la voie
Des rêves de paradis perdus
Je marche parce que je n’en peux plus

Je bouffe des milles de pavé
Sur mon vélo ou bien à pied
Je me parle pour me rassurer
Je crie, je pleure sans déranger
Sur les trottoirs de liberté
Je blâme tous ceux qui m’ont triché
Les amoureuses par intérêt
Les lèche-culs à bon marché
Je cherche un beau ciel étoilé
Pour enfin me recommencer

Si Dieu existe en vérité
Pourquoi m’a-t-il persécuté
J’aime mieux maudire le hasard
Le con destin vil charognard
La route est belle dans le silence
La mort doit être douce je pense

De toutes les joies tous les plaisirs
Mes enfants sont ma joie de vivre
Voir babiller ma petite fille
Les bras tendus vers son papou
Je remercie la belle vie
Pour mon vieux cœur cent fois meurtri
Je me laisse tomber à genoux
La douleur ne me rendra pas fou.

Je marche comme un petit soldat
Je fuis toutes les guerres à grands pas
Je marche pour la paix du cœur
La seule la vraie c’est mon bonheur
Sur ma route il y a l’amitié
Pour rire de tous les constipés
Excusez-la mes bons seigneurs
On se reverra d’l’autre bord asteur.

Le maudit voyage

Paroles _ Denis Guépard

Ça fait un mois que j’me promène
Un tas de roches dans l’estomac
Je mange mou comme les p’tits vieux
J’fais pu grand-chose avec ma queue
J’ai peur de la maudite opération
Comme si ch’tombais dans un nid d’ taons

Le jour fatal vient d’arriver
Me v'là su’l dos tout effoiré
Deux infirmières comme des abeilles
Me tournent autour pour me piquer
La tête me tourne je vais crier
Enl’vez mon dossier d’su’ mes pieds
Là y m’garrochent les jambes en l’air
Comme si j’allais pour accoucher
Pis tout d’un coup je vois pus clair
Mon maudit voyage vient de commencer

Je reviens sa terre dans un manège
La salle n’arrête pas de tourner
Là je dégueule toutes mes artères
Je file si mal que j’va prier
J’ai tellement callé l’orignal
Que mon vomi sent les p’tits pieds
Ma tête ne sera pas dans le journal
Je r’tourne chez nous pour faire pitié

Steph est si belle même si j’ai mal
Que j’ai pensé être arrivé
Au paradis dans la beau ciel
Qui a jamais existé
C’est vraiment la pire aventure
Si j’avais su ch’rais pas allé
Y a une affaire dont je suis sûr
J’ai mangé une maudite volée

Le moine

Paroles _ Denis Girard et Hugo Blouin (janvier 2011)

Il vivait comme un moine qui a perdu son Dieu
Seul dans la maison où il revoyait ses filles
Jouer autour de lui affairé aux fourneaux
Le cœur en miett’s déchiré par la trahison
Révolté d’avoir cru à un semblant d’amour

Et cette froideur dans ses yeux quand elle est partie
Comme si tout était faux depuis le tout début
Le plaisir le désir les frissons le bonheur
Il sentait le poids des briques s’écrouler sur lui
Comme une maison effondrée sous les murs pourris

Il vivait comme un moine qui en voulait à Dieu
Seul sur son vélo, il s’entraînait, arpentait
Filait la route en tissant sa rancœur sèche
Cœur aux lèvres, larme au poing, la haîne au corps
Déchiré de ses chaînes qu’il ne pouvait quitter

Et cette froideur dans ses yeux quand il marchait
Comme si tout était trop depuis le tout début
Le plaisir le désir les frissons la douceur
Il sentait qu'elle ne l'avait jamais trouvé beau
Comme un gars effondré sous les voeux trahis

Il vivait comme un moine, mais revenait sur terre
Seul sous sa tristesse il voyait sa petite fille
Qui souriait, son petit-fils sur ses genoux
Le plaisir les p’tits rires les frissons le bonheur
Il dev'nait si heureux à jouer la nounou

Et cette froideur dans ses yeux revenu chez lui
Comme si tout était faux depuis le tout début
Le plaisir le désir les frissons le bonheur
Il sentait le poids des briques s’écrouler sur lui
Comme une maison effondrée sous les murs pourris

Le perroquet

Paroles _ Denis Girard
Musique _ René Béchard
Interprète _ Julie Béchard

Je vis dans la chambre
D’un petit garçon
Il s’appelle Alexandre
Il aime les bonbons
Je suis son ami
Et comme son ourson
Je suis son jouet
Son beau perroquet

Perroquet, Placotis
Que sais-tu de la vie
T’es devenu très savant
À écouter les gens
Répète, répète
C’que tu connais des planètes

Je sais que la Grande Ourse
N’est pas un animal
Qu’elle peut faire la course
Plus vite qu’un orignal
Que sur la Voie lactée
Ce n’est pas laid du tout
Et qu’autour de Saturne
On a fait des anneaux
C’est pour rouler à vélo

Perroquet, Placotis
Que sais-tu de la vie
T’es devenu très savant
À écouter les gens
Répète, répète
C’que t’as fait comme découvertes

Je sais que dans la mer
Au plus profond des eaux
Y a des bateaux pirates
Et des requins marteaux
Que la baleine à bosses
Chante mieux que les oiseaux
Que tous les chiens de mer
N’ont ni niche ni collier
Et ne savent pas japper

Perroquet, Placotis
Que sais-tu de la vie
T’es devenu très savant
À écouter les gens
Répète, répète
Tous tes trucs et tes cachettes

Je sais que les fantômes
Les sorcières les dragons
Les lutins et les gnomes
C’est pour les cornichons
Que les affreux vampires
Portent des fausses dents
Que tous les animaux
Ont appris à parler
Dans les bandes dessinées

Perroquet, Placotis
Viens plus près de mon lit
Si j’te donne mon secret
Tu l’répèteras jamais
Jure-le moi, jure-le moi
Ou je donne ta langue au chat

Je vis dans la chambre
D’un petit garçon
Il s’appelle Alexandre
Il aime les bonbons
Je suis son ami
Et comme son ourson
Je connais son secret
Et je l’répèterai jamais

Le phare

Paroles _ Denis Girard
2005

Aimer c’est la seule chose qui tienne
Qui tienne lieu d’humanité
Toute la vie on s’y entraîne
Sans vraiment y arriver

On croit aimer père et mère
Eux qui nous ont tout donné
Et puis on se fait sévère
Devant les fautes du passé

On croit aimer de jeunes femmes
Sur les ailes rouges du désir
On se consume comme des cierges
La passion coule comme la cire

Et puis on aime une personne
Pour tout son être et son agir
On risque de tout se promettre
Dans une maison faite pour grandir

Et puis on perd tout par maladresse
Elle nous quitte pour un plus beau
Un plus jeune plus prolifique
En illusions et en châteaux

On reprend la chasse aux chimères
Un autre amour sur les bras
On abandonne une terre prospère
Étourdi de ne se connaître pas

Enfin avec beaucoup de chance
On a des enfants à son tour
On apprend à donner du sens
Aux beautés de chaque jour

On comprend la complexité d’un être
Qui mène ses combats glorieux
On cherche à lui faire la fête
De tendres soins et de doux vœux

Au bout du chemin de la quête
Si l’on est aimé des dieux
On aime à nouveau une comète
Et l’on se perd dans ses cheveux
On a plus besoin de promesses

La vie c’est elle comme un cadeau
Chaque jour la chaleur nous pénètre
Au fond de l’âme au creux des os
On s’ouvre enfin à tout connaître

Les mains ouvertes comme des étoiles
Le cœur allumé comme un phare

Le pire

Paroles _ Denis Guépard (septembre 2011)

Le pire que tu pouvais faire
C’est de rester près de moi
De t’appeler mon ami
De partager not’maison
De faire comme si on s’aimait
De faire comme si on baisait
Comme tous les couples menteurs
Qui restent pour les enfants
Qui restent pour le pognon
Qui restent pour la raison
Mais ont laissé le bonheur
Leur filer entre les doigts

Le pire que tu pouvais faire
C’est de ne plus être toi
De me faire complice de ça
De m’avoir montré la peur
De faire face à mon malheur
De te voir quitter ma vie
D’avoir à recommencer
À porter mon faux sourire
Parce que j’ai encore échoué
À montrer ce que je sens
À te faire me respecter
À vraiment te rencontrer

Le pire que je pouvais faire
C’est d’accepter la distance
La première indifférence
Les disputes sans trop comprendre
Les rancunes sans compromis
Le désir de te changer
L’illusion d’y arriver
L’amour une fois tous les mois
Sans passion pour le contrat
De ne plus exiger
D’être au cœur de tes pensées
Comme ton tendre bien-aimé

Le pire que nous pouvions faire
Nous l’avons fait tous les deux
Et tu as ta maisonnette
Ton jardin, ta toilette
Et moi mon très beau studio
Pour composer bien au chaud
Et not’ vie a de la classe
J’aime rêver sur tes genoux

Le silence

Texte _ Denis Girard

C’est bon d’écouter le silence
On a dit qu’on l’avait muselé
Alors on est sûr de ne rien entendre
Mais c’est surprenant au début
Mais si on prend la peine de tendre l’oreille
Sans se laisser distraire par les mouches qui volent
C’est renversant de le constater
Mais il parle le silence et
Ce qu’il raconte on a beau se boucher les oreilles
On est forcé de l’entendre

Il parle des gens qui courent sans trop regarder
Ils ont une idée en tête et elle prend toute la place
Ils veulent y arriver coûte que coûte, alors
Ils foncent
Tous ces gens qui se démènent et frappent les pavés pour arriver à temps
Ça fait un bruit d’enfer, comme une armée marchant au pas vers le combat
Et c’est normal car les soldats eux aussi ils se dépêchent
Pour faire quelque chose qu’ils n’aiment pas
Comme tuer des gens

Le silence observe et regarde ceux qui le brisent
Et il se tord de rire, un rire de la tête qui passe inaperçu
Un rire sur l’inutile, sur les bruits de l’existence
Un rire sur les grimaces que font les gens lorsqu’ils font quelque chose qu’ils n’aiment pas
Et il n’y a rien de plus facile que d’écouter la raison
Et elle est forte la voix de la raison
Elle veut toujours nous forcer à faire ce que l’on déteste
Et elle gueule des ordres à tout rompre dans le fond de chaque conscience pour se faire écouter
Et l’humanité l’écoute religieusement
Et laisse les agendas contrôler la vie au rythme du tic-tac
De l’horloge que l’on a greffée au bras de chaque personne humaine
Pour contrôler le travail qui ne nous donne souvent rien
Pour nous remplir le cœur et qui nous use au jour le jour

Le silence ouvre son œil immense sur la beauté de la lumière
Il court les sous-bois et flâne à la surface des lacs
Se laisse bercer par le vent dans la crinière des arbres
Le silence est sourd comme un pot, rien ne peut l’atteindre
Il ne reçoit d’ordres de personne
Il ne se presse jamais pour répondre aux attentes des autres
Il a tourné ses oreilles vers l’intérieur de lui-même
Et vit au rythme du souffle qui monte en lui et redescend, inlassablement
Rien ne vient bouleverser son rythme si ce n’est le secret de sa paix intérieure
Le silence est amoureux, et c’est cela qui lui a bouché les oreilles à jamais
Car tout le monde le sait, les amoureux sont seuls au monde et s’aiment en silence
Au fond de lui, la passion le transporte et il tremble de plaisir devant tout ce qu’il découvre
Il voudrait crier tellement son émotion est grande
Mais il ne veut rien gâcher alors il se tait et reste bouche cousue
Pour ne rien gâcher

La beauté l’a hypnotisé et il la regarde changer de forme à chaque seconde
Ici c’est une jeune femme gracieuse fragile dans sa robe blanche
Là un hibou aux yeux jaunes, immobile au milieu du bois
Il connaît aussi la laideur qui surgit partout avec fracas
Et brise l’harmonie avec le malaise qui la fait souffrir dans chaque parcelle de son corps
Et il se sent si triste quand il lui fait face qu’il préfère ne rien dire
Le silence voudrait parler de la mort qui est si semblable à tout ce qu’il connaît de la vie
Il l’entend qui guette et ça l’inquiète
Car il ne sait jamais quand elle va frapper

Alors il choisit de se moquer d’elle
Car il connaît tous les petits bruits qui la trahissent
Et il sait qu’il l’accompagnera partout où elle ira
Et son rôle de témoin lui donne le pouvoir de celui qui sait
Qu’elle n’a aucun plan aucune stratégie et qu’elle est un peu folle et
Regrette toujours tous les gestes qu’elle pose et répète sans cesse que
Ce n’est pas sa faute et
Elle tente de se laver les mains, mais elle hurle lorsqu’elle aperçoit les taches rouges
Du sang qui lui souille les mains

Les aidants naturels

Paroles _ Denis Girard (février 2012)

Les aidants naturels ont souvent cœur de femme
Avec toute la tendresse pour faire ce dur métier
Qui se paie de sourires de souffrances et de drames
Et de mille mercis qu’il leur faut deviner

Les aidantes naturelles sont les vraies pionnières
De ces petits soins aux vieilles personnes délaissées
Elles tracent la voie, insensibles aux commentaires
De ces jeunes adultes que leurs gestes font rager

Les aidantes naturelles sont des aventurières
De la nature humaine, espèce menacée
Lorsque la vie décline les vieillards fatigués
Par leurs propres familles, laissés dans la misère

Les aidantes naturelles sont des aventurières
D’une époque lointaine et d’un temps méprisé
Elles n’ont pas de costume de machine compliquée
Mais le cœur à l’ouvrage et le courage de tout faire

Les aidantes naturelles sont des aventurières
Qui chouchoutent en riant leurs parents transformés
Par d’étranges voyages dans le puits du passé
Vers tous ces souvenirs qui leur sont les plus chers

Les aidantes naturelles sont des aventurières
Trimeuses du quotidien, ouvrières de journée
Exploratrices de nuits blanches, le cœur si stressé
Quand la maladie frappe et la douleur amère

Elles rencontrent des êtres, voûtés et troublés
Avec la tête blanche et la peau toute ridée
Ces vieux savent des histoires qui nous ont inventés
Et des chansons bizarres sur la magie d’aimer

Ils boudent le présent comme un temps dépassé
Ignorent les instants qu’on appelle vérité
S’éveillent de mauvais rêves, des enfants agités
Par le Bonhomme Sept Heures qui voudrait les manger

Les aidantes naturelles sont des aventurières
Sans trophée sans histoires dans des livres racontées
Pas d’hommage pas de gloire ni de célébrité
Juste dans leur regard une lumière douce et fière

Les assassins modernes

Paroles _ Denis Girard

À Vincent Jones, à Earl Lacroix et à tous leurs semblables.

Les assassins modernes n’ont plus de pistolet
Ils traquent leurs victimes dans de jolis complets
Ils ont de bonnes manières un sourire discret
Convoite les tirelires et les porte-monnaie

Ils ont pignon sur rue dans de vastes bureaux
Conseillers financiers et monteurs de bateaux
Ils donnent des garanties de haute moralité
Et montent des combines pour nous entourlouper

Et quand vient le grand jour de dire la vérité
Ils vident leurs tiroirs très loin à l’étranger
Dans des comptes très surs secrets numérotés
Ils déclarent faillite et vous êtes ruinés

Les assassins modernes vont toujours en prison
Pour une ou deux semaines pour la comparution
Les meilleurs avocats invalident les lois
Et les font évader dans l’hôtel de leur choix

Les victimes blessées s’en arrachent les yeux
Ces gens leur ont tout pris leurs biens les plus précieux
Ils n’ont plus de retraite de voyages de bon temps
Ils se voient condamnés à des travaux forcés

La vie n’a plus pour eux la plus petite joie
L’hiver s’est installé, la faim et les grands froids
Ils ne voient plus la mort comme leur pire ennemie
Ils guettent sa venue révoltés et ravies

Les assassins modernes n’ont plus de pistolets
Ils vous tuent en  volant votre porte-monnaie
Vos rentes vos placements et vos économies
Oyez frères humains la belle tragédie
Des voleurs de grands chemins qui nous volent la vie (bis)

À Vincent Lacroix, à Earl Jones et à tous leurs semblables.

Les assassins modernes n’ont plus de pistolet

Ils traquent leurs victimes dans de jolis complets

Ils ont de bonnes manières un sourire discret

Convoite les tirelires et les porte-monnaie

Ils ont pignon sur rue dans de vastes bureaux

Conseillers financiers et monteurs de bateaux

Ils donnent des garanties de haute moralité

Et montent des combines pour nous entourlouper

Et quand vient le grand jour de dire la vérité

Ils vident leurs tiroirs très loin à l’étranger

Dans des comptes très surs secrets numérotés

Ils déclarent faillite et vous êtes ruinés

Les assassins modernes vont toujours en prison

Pour une ou deux semaines pour la comparution

Les meilleurs avocats invalident les lois

Et les font évader dans l’hôtel de leur choix

Les victimes blessées s’en arrachent les yeux

Ces gens leur ont tout pris leurs biens les plus précieux

Ils n’ont plus de retraite de voyages de bon temps

Ils se voient condamnés à des travaux forcés

La vie n’a plus pour eux la plus petite joie

L’hiver s’est installé, la faim et les grands froids

Ils ne voient plus la mort comme leur pire ennemie

Ils guettent sa venue révoltés et ravies

Les assassins modernes n’ont plus de pistolets

Ils vous tuent en volant votre porte-monnaie

Vos rentes vos placements et vos économies

Oyez frères humains la belle tragédie

Des voleurs de grands chemins qui nous volent la vie (bis)

Les bébés rageurs

Paroles _ Denis Girard (octobre 2009)

Ces grands adolescents qui refusent de vieillir
Tellement émouvants qu’on voudrait vite rajeunir
Pour pouvoir les choyer une nouvelle fois
Les aider à guérir blottis entre nos bras

Ces beaux rois fainéants assis devant leurs jeux
Qui exigent de nous toujours plus toujours mieux
Se font tirer l’oreille pour se pencher les yeux
Sur les mille problèmes qui ne parlent pas d’eux

Ils sont si pathétiques à souffrir le martyre
Pour une petite corvée un ménage à finir
Il faut tant supplier pour qu’ils lèvent le doigt
Qu’on fait tout étonné qu’ils ne protestent pas

Et pour leur pardonner on accuse souvent
Le grand vide provoqué par tous ces faux parents
Qui essaient de soigner leurs blessures d’enfants
Sous un ciel de jupons ou une pluie de glands

Tout ce que nos parents ont voulu nous montrer
Les nobles sentiments la générosité
Le plaisir de donner sans attendre en retour
Apparaissent à leurs yeux des rêves de troubadour

Toutes les générations tentent d’évoluer
En cassant la figure à leurs pauvres aînés
On met à la poubelle leurs nobles expériences
En cachant sous l’humour toute l’indifférence

Ces beaux effarouchés qu’on a privés d’amour
Sont parfois délinquants révoltés au cœur lourd
Ils veulent réinventer un monde où les parents
Ne détruisent jamais les châteaux des enfants

Ces grands bébés rageurs quand ils tombent en amour
Inventent des vérités qu’ils défendront toujours
Contre tous les petits au chaud dans leurs girons
Qui riront à leur tour de leurs belles convictions

Les sottes étiquettes veulent figer les couleurs
Bébés rois ou téflons, X, Y ou boomers
On apprend à aimer dans des bras imparfaits
Et pour tout réparer on donne ce qu’on voulait

Les imbéciles

Les imbéciles ne font que travailler
Les crétins sont toujours bien fatigués
Les nonos ont pas l’temps de respirer
Les idiots sont souvent découragés

Ils passent leur vie assis d’vant la télé
Sourient un peu d’être enfin libérés
De leur travail qu’ils font pour se payer
Une p’tite vacance au soleil chaqu’année

Les gagnants sont toujours grassement payés
Les brillants réalisent toutes leurs idées
Les futés payent moins cher pour bien manger
Les bollés s’font payer pour s’amuser

Ils se lancent dans la vie sans hésiter
Gaspillent un peu d’argent pour mieux gagner
Font avaler aux autres leur vérité
Remportent des gros lots très bien placés

Les gagnants aiment bien jouer les imbéciles
Passer pour les pires de tous les crétins
Se conduire en idiot pour être bien
Nonos dans leur joli condo tranquille

Les imbéciles rêvent qu’ils seront gagnants
La loto c’est jamais très très brillant
Les idiots prennent un beau p’tit air futé
S’écoutent un peu parler comme les bollés

Quel joli miroir que la société
Un plus petit que soi à mépriser
Un plus puissant que soi à dénigrer
Un bel emmerdeur pour philosopher

Paroles _ Denis Girard

Les mots vont me sauver la vie

Texte _ Denis Girard

Un seul mot
Le bon mot
Le mot juste
Prononcé
Sans penser
Insensé
Illogique
Mais si vrai
Qu’on savait
Qu’il faudrait
Le crier
Pour tous ceux
Qui se taisent

Les mots vont me sauver la vie comme une barque de sons sur les marées du silence
Tangue, tangue les cris de ma démence
Donnez-moi la clef maîtresse
Celle qui ouvre les ciels gris
Tous les royaumes ensevelis
Les cités d’or et de lumière
Les plus sûres de toutes les frontières
Les secrets qui dorment écrits
Sur la paume d’une reine morte
Les mots font les histoires
Gardent le plus pur de la mémoire
Ils se connaissent tous entre eux
Ils ingurgitent le pire et le mieux
Susurrent des confidences
Déclarent les guerres
Signent les paix, avec la même confiance
Crie la douleur et la jouissance, avec le même plaisir
Comme si tout cela avait un sens
Les mots n’écoutent pas ce qu’ils disent, renient ce qu’ils ont signé
Les mots ont mauvaise conscience
Vivent de trahison en exil
Les mots vivent sur une île
Sur une mer d’inconscience
Les mots ne servent qu’un seul maître
C’est lui qui les a inventés à son image et à sa ressemblance
Les mots sont humains
Il ne faut pas se surprendre s’ils ont un prix
Celui que fixe la bourse de New York et de Tokyo
Les mots voyagent en première
Sur tous les continents de la terre
Il faut travailler longtemps pour bien les connaître et pour les découvrir
Les laisser vous envahir
Il faut arrêter de penser et les laisser vous guider
Croyez-moi ils vont décider
Tous les écrivains sont des marionnettes
Ils écrivent pour donner un sens à leur pauvre vie
Comme moi menotté à ce clavier à croire et à espérer
Retrouver quelques miettes de mon essence sous la sueur et l’encre

Les mots n’ont pas d’oreille
Ils parlent sans s’arrêter
Pour vite se libérer
Du bâillon du silence

Les mots cherchent le sens
Au fond sous la routine
Les mots nous imaginent
Libérés de nos panses

Les mots sont nos alliés
Pour tout recommencer
Au cœur de la nature
Sans combat, sans rupture

Les mots sont magiciens
Les solutions parfaites
Les projets, les recettes
Jaillissent de nos mains

Des mots automatiques
Enchaînés mécaniques
L’invention synthétique
Des humains erratiques

Ils peuvent m’aider, je suis désemparé
Je cherche un sens à ma vie
Ne riez pas je suis meurtri
De tous les silences de la terre
Sur les plus lourds mystères
Qui m’entourent et me tourmentent
Toujours cette folle démence
De ne pas savoir ni le comment ni le pourquoi de la vie
Tous les désarrois les délits contre la nature humaine
Sur les plaines immenses et lointaines
Et puis tout près de moi la stupidité des lois
Qui s’érigent souveraines pour protéger les rengaines
De ce dieu très pourri
La très sainte économie
On ne peut pas être contre la richesse
Florissante et proprette
Tout habillée de blanc
Vêtue de soie et d’ornements
Toutes les vies de l’occident sacrifiées inutilement
À entasser des vêtements, des bijoux et des cassettes
Des voitures et des maisonnettes
Le dernier cri des ordinateurs, dévalué après une heure
Les pistolets de ces tueurs
Les forces armées de la terreur
Embrigadés contre la peur
De voir le mal en habit noir
Faire la course sur nos trottoirs
Derrière le bien en froufrou blanc
Pauvre victime de l’étranger
Venu pour nous assassiner
Et les étudiants très très sérieux
Qui étudient de leur mieux
Pour entrer sur le marché de la dépense
La panse pleine on s’en balance
De ceux qui se gaspillent dans la boucane
La poudre blanche et la bière dense
Il faut bien compter ses sous
Se tailler une place bien à nous
Un palais d’or sur une montagne
Entouré de jolies femmes épatées et subjuguées
Par ma riche virilité
Tous les hommes que j’aurais vaincus
Au jeu du marché et des écus
Attachés comme des infidèles
À mes pieds suppliant que j’épelle
Une fois leur pauvre nom
Pour les sortir de ce donjon
Médiocre et sans lumière
Des pauvres de la terre
Qui n’ont pas su faire des affaires
Où est le tiers monde
Celui qui meurt de faim
Qui se tire toujours dessus
Celui qui n’en peut plus
Mais qui possède des richesses naturelles
Tellement immenses et tellement belles
Qu’il y a toujours un bon samaritain
Qui l’aide un peu comme ça pour rien
Et se souvient soudain de la raison de sa venue
Faire du blé au plus sacrant et repartir en riant
Comment mettre à nu jusqu’à l’os
Comment mettre à l’os nu
Les complots les traquenards
Les doubles faces et les cigares
Les connivences les stratagèmes
De toutes les races humaines
Blanche, noire, rouge ou verte
La couleur de la peau ne peut pas nous aider
À retrouver la vérité
Un semblant d’humanité
Les loups sont dans la bergerie
Tous les jours en plein midi
Il faut fermer son cœur à clef
Notre voisin est détraqué
Paniqué, effrayé
Comme moi comme nous
Je cherche un homme avec une lampe à la main
Au milieu d’un désert
Le désert de la ville
En plein soleil au milieu de la foule
Parmi des étrangers sans yeux
Je cherche un homme qui fait vraiment ce qu’il aime
Le beau, le bien, le vrai, le pur
Ouvert sur sa profonde nature
Sans marcher sur les pieds de personne
Au-delà du ça de l’ego et du surmoi
Un être sûr de soi
Sans trop l’être évidemment
Et puis j’ai cinquante millions d’années
Ça vous cogne sur le nez
Et tous les pépères que je fréquente
Pris de la tête ou bien du ventre
Avec une litanie de petits maux
Comme le plus lourd de tous les fardeaux
Parlent de la retraite prochaine
Délivrance souveraine
Vers le vide et le repos
Et la mort certaine
Qui nous guette au tournant
Comme Marc, François et Richard
Qu’on a enterré en pleurant
Sur notre propre misère
Et il faut donc en profiter
De l’argent qu’on a amassé
Enfin le mot est lâché
Avant que de crever
Et c’est à cette heure de vérité
Que toute la futilité
Des grandes quêtes humaines
Apparaît violente et soudaine
Sous son plus triste jour
Les mots ont un secret pouvoir
De s’entrechoquer dans le noir
De ma petite cervelle
Et de rechercher sur le clavier
Lumière et clarté
La rime ne peut pas se tromper
Elle ne sert aucun maître
Elle peut autant faire apparaître
La bêtise la plus charmante
Et la profondeur la plus affolante
Qu’on s’en vexe ou s’en enrage
Les mots accouchent de trous noirs
Dans la galaxie des espoirs humains.

Les mots vont me sauver la peau
Je marcherai au fond des eaux !

Les murs

Texte _ Denis Girard (novembre 2010)

Les murs murmurent près des portes fermées
Les murs susurrent leurs rêves cachés
Les murs c’est bien connu
Ont de larges oreilles
Dressées tout en pointu
Pour cueillir les merveilles
Les secrets nébuleux
Des hommes qu’on enferme
Entre tous ces murs
Qui s’érigent dans la pierre

Les murs même s’ils sont durs
Bien plus durs que l’acier
Finissent c’est bien sûr
Un beau jour par tomber
Il suffit parfois
d’un concert de trompettes
Qui tourne autour de soi
Comme pour une conquête
Ça dure parfois des années
Avec des soldats à la guérite
Et puis sous le concert des voix
Ils s’égrainent et s’effritent

Les murs poussent autour des châteaux
Et des gros bungalows
Ils sèment la colère
Pour tous les droits bafoués
Les terres volées
Les populations affamées
De cruels injusticiers
Les peuples lancent des jurons
Et s’haïssent en silence
Les rockettes et les kamikazes
Explosent à pleins gaz
Sur les places publiques

Les murs chantent les raisons
Et commandent à foison
D’autres immenses murs de béton
Pour empêcher la guerre
Ils n’ont jamais compris
Que dans tous les pays
Naît la soudaine envie
Lorsqu’ils sont bâtis
De les jeter à terre

Berlin Gérico Israël
Rêvent de milliers de ponts
Pour unir les maisons
Au-delà des religions
Qui emmurent la raison
Et divisent les hommes
Sur le pont d’Avignon
Ou de Sarajevo
Monte un chant nouveau
De paix planétaire
Les hommes sont fatigués
Ne croient plus aux armes
Des vies enfermées
Ils ont trop vu de larmes
Dans les villes fortifiées

Les secrets de famille

Paroles _ Denis Girard (mai 2010)

Les secrets de famille
Qu'on a toujours cachés
Il n'aurait pas fallu
les dire à la Camille
C'est un panier percé
Tout l'monde saura en ville
Avant que la semaine
ne soit toute achevée
Et quand les gens sauront
Faudra vous expliquer
Et vous paierez la note
Devant tout le comté

Qu'est-ce qu'une fille peut faire
Quand son tchum l'a plaquée
Pour une petite cocotte
Avec un beau body
Elle se met en colère
Et pense à se venger
Contre François Lemaire
Et la belle Camille
Elle va placoter
Bien sûr elle va tout dire
Les vertes et les pas mûres
Eh oui ça va faire dur

Il n'y a rien de mal
À dire la vérité
François baise une mineure
René boit comme un trou
Julien est une Julienne
Julie aime les filles
Le père est su'l BS
La mère danse au poteau
Jean-Paul a tout perdu
En jouant au casino
Lucille a sa page web
Dans un p'tit site porno

Les gens de La Patrie
Ne savent pus quoi penser
Monsieur François Lemaire
Avocat réputé
Fréquenterait une fille
Qui travaille au marché
Elle paraît ses 20ans
Mais elle n'en a que seize
Son père est mal à l'aise
Couches-tu avec lui
Qu'il lui a demandé
Elle s'est mise à brailler

Monsieur Roger Ménard
Truckeur de profession
A frappé M'sieur Lemaire
Hier chez l'épicier
C'est à cause de sa fille
Sonia son pt'it bébé
Il sortait avec elle
Depuis une bonne année
Il a entendu dire
Qu'il l'aurait abusée
Même si c'était pas vrai
Il l'a bien arrangé

Les secrets de famille
Peuvent parfois nous aider
À nous faire justice
Quand on est au supplice
Avec un courailleux
Qui vous a humiliée
La famille des Lemaire
Tous des collets montés
N'osent plus sortir dehors
Personne veut leur parler
L'avocat en prison
Y vont déménager

Marabout

paroles _ Denis Girard
Avril 2010

T’as toujours l’air marabout
Comme un chien enragé
T’as l’air en christ contre tout
On n’ose pas te regarder

As-tu frappé une badluck
Que tu m’as pas conté
C’t’assez clair que t’as ton truck
Parles-en avant d’péter

Ta femme a-tu pris la porte
Ton gars est-tu pd
Ton boss t’aurait-tu clairé
Y a des fois tu capotes

Prends pas ça trop au sérieux
Y a tellement de niaiseux
De pas d’allure de sans-cœur
Qui crient d’avoir trop peur

Un grand verre à moitié vide
La vie mon chum c’ pas ça
Un beau verre à moitié plein
Ça mène un peu plus loin

Si tu souris juste un peu
T’auras pas l’air téteux
On va déconner twé deux
Rire de tous les nerveux

Je l’sais que ch’uis toujours en farce
Pas sérieux pour cinq cennes
Le smile étampé dans face
J’me pousse devant mes peines

T’as raison d’être en fusil
Y a d’la scrap dans nos vies
Les trous d’ cul font des millions
Pis crachent dessus les p’tits

Mais j’veux pas refaire le monde
J’ai déjà essayé
Si j’ fluschais tous les airs bêtes
Je s’rais seul pour chialer

Prends une bière mon marabout
La broue ça fait chanter
À la santé des vieux fous
Qui croient à l’amitié

Mes vers

Paroles _ Denis Girard (septembre 2012)

Mes vers tentent de capturer
De notre vie l’intensité
Dans la grande fausse des souvenirs
Ils voudraient les voir resurgir
Tous ces instants de merveilleux
Ces images qui ouvrent les yeux
De l’enfant enfoui quelque part
Sous les mille cauchemars
De la peur froide et des remords

Mes vers tentent de maquiller
Les peaux flasques et les mains gercées
Les déprimes et les vies bâclées
Les consciences si vite étouffées
Les malheurs de s’être embarqué
Dans la galère des faussetés
Des contraintes de l’apparence
Les chagrins de la dépendance
Mais ce sont des paniers percés

Mes vers portent tant de révoltes
Tant de crimes et de rage folle
La souffrance dans les cours d’école
La rancœur pour la main frivole
Les vies jetées à la poubelle
Les cœurs aimés dans la ruelle
La faim au milieu d’un banquet
Les pauvres couchés dans les déchets
L’enfant que personne ne connaît

Les vérités que l’on bâillonne
La politique toujours aphone
Les poètes et leurs nombrils
Les prétentieux qu’on glorifie
Les histoires qui ne disent rien
Les télés qui nous consomment
Les vies perdues au téléphone
Les files d’attente devant le vide
La cruelle perte de l’oubli
Ils viennent après comme l’ambulance

Minimynimots (1)

paroles _ Denis Girard (2005)

Musicien

Mi ni my ni mots
Pas besoin des mots
Les mots sonnent faux
Les mots pèsent trop
Mi ni my ni mots
Les mots sont trop sots
Laisse parler ta peau
Écoute le tempo
Ta dou di dou do
Y a rien de plus beau
C’est toujours nouveau
La clé des châteaux

Chanteuse

Mi ni my ni mots
Personne pour parler
Les portes sont fermées
Bien fermées à clés
Depuis des années
A dit aie dit Oh
Mon père envolé
Ma mère trépassée
La rue m’a aimée

Mini mini mots
Des mots pour chanter
La peur sous mes pieds
Ma voix pour voler

Dit ma vie les mots
En moi c’est la rage
Pour briser la cage
Tous les mots me jasent
Mes mots déménagent
Je ne suis plus sage
Je fais un carnage
C’est mon cri qui jazze

Ne t'en fais pas bonhomme

paroles _ Denis Girard (2004)

Ne t’en fais pas bonhomme, si t’as moins le goût
De parler aux hommes aux chiens et aux loups
Les amis ne sont pas toujours en saison d’amour
Les amantes écoutent quand on leur fait la cour
Les bêtes sont fidèles mais ne peuvent plus rien
Contre ce mal étrange qui te cambre les reins

Ne t’en fais pas mon gars, si t’as moins la force
De te lever chaque matin avec la faim
De faire une journée dont on se souvient
D’abattre du boulot vite en t’amusant
De tout reconstruire pour le seul plaisir
De sentir la vie vibrer et grandir

Ne crains rien toi le mec, si tu ne ris plus
Des politiciens, des bouffons et des fous
Qui font la manchette dans tous les médias
De jolis scandales de sang et de sous
De grandes vies gâchées sens dessus dessous
La belle pirouette des cons et des minettes

Ne t’en fais pas mon vieux si comme l’automne
Tu aimes les ciels de sombres grisailles
Les crépuscules turquoise qui n’espèrent plus rien
Les fêtes orgiaques de feuilles rouges jaunies
Le froid qui frappe toute vie un matin

Ne t’en fais plus mon petit si le monde du travail
Te semble rouler trop vite là-bas sur ses rails
Si la solitude s’est pendue dans sa chambre
Si la performance se vend le gros prix
Si les mots disent moins les trésors des gens
Je sais une rengaine, secrète et lointaine
Qui parle du chagrin d’être rendu à bout
Viens me la chanter au creux de mon cou

On cache

On cache si bien sa détresse
Sous le travail quotidien
Qui nous tient en laisse
On n’est jamais déprimé
Le sourire toujours affiché
Aux quatre coins de nos journées
Quelle noblesse

On connaît de l’amour la déesse
Jolie avec presque rien
Qui nous met en liesse
On coule les plus belles années
Dans un paradis de beauté  
On le paie de sa liberté  
Le bas blesse

On mène une carrière pittoresque
Des défis herculéens
Qui vite nous oppressent
On voudrait tant être aimé
Pour le meilleur qu’on a donné
On rêve de nous voir retraités
Quelle allégresse

On a femme enfants et collègues
Noués au fil de nos mains
Quand parfois on s’arrête
Les devoirs et les beaux soupers
La magie qui part en fumée
Nos rêves qu’on a mis de côté
Quelle richesse

On prend par dépit une maîtresse
Un jupon fleur du matin
Qui nous prend aux fesses
On espère tout recommencer
Tout en préservant le passé
On finit par tout se gâcher
Quelle défaite

On se cache si bien sa détresse
On a le cœur sur la main
Qui toujours nous déserte
On se sent seul exilé
Quand l’amour nous est refusé
Par un ami, un étranger
Quelle faiblesse

Un soir vient nous coincer la détresse
Une tristesse nous étreint
Sauvage et secrète
On a envie de fracasser
La tête contre les rochers
Engourdir le feu des pensées
S.O.S.

On endort si bien sa détresse
On se fait croire qu’on est bien
On comprend on espère
Que la blessure est fermée
Que le vieux dur s’est réparé
Et l’on se jette dans la mêlée
Quelle prouesse

Paroles _ Denis Girard

On ne peut échapper à la solitude

Texte _ Denis Girard (2004)

On ne peut échapper à la solitude
C’est du genre humain la cruelle habitude
On peut tendre la main
Courir tous les chemins
Un étrange destin
Nous retient
C’est le mien
C’est le tien
L’amour n’y peut rien
L’amitié encore moins

Tu peux te lancer
Dans des projets insensés
Goûter de la vie
Les plus merveilleux fruits
Vivre en avant de ton temps
Les plus précieux moments
Sans jamais t’arrêter
Chercher la vérité
Elle t’attend
Comme un vieux miroir
Au fond de ta mémoire
Insolent

On ne peut éviter de se retrouver
Dans le silence
Quand les derniers accords
Résonnent encore
Au creux de ton corps
Vides de sens
Quand les tendres mots
Sonnent les plus faux
Absence

On ne peut se consoler
De la beauté gaspillée
De ce talent étouffé
De ces amis perdus
Lorsque les souvenirs
Viennent nous envahir
Sans défense
Les murs n’ont jamais d’oreille
Les portes claquent le réveil
D’un étrange sommeil
L’existence
Et l’on écoute les bruits
D’une maison assoupie
Et l’on se sent si seul
Que la vieillesse nous semble
Une solution

Piqûre

Paroles _ Denis Girard

Y a des humains qui courent après la gloire
Qui donneraient tout pour passer à l’histoire
D’autres qui font des heures sup pour le pognon
Pour mettre un jour la main sur leur million

Y en a qui luttent pour sauver la planète
Pour mettre un peu de vert dans leur assiette
Y en a qui cherchent le vrai sens de la vie
Et méditent en silence sur un tapis

Y en a qui se nourrissent de connaissances
Pour éloigner un peu leur ignorance
Y en a qui cherchent les idées de génie
Et trouvent soudain en tombant de leur lit

Mais moi je suis vraiment très très modeste
Je prends ça comme ça vient sans trop de stress
Je suis le soleil à tous les matins
Et j’apprécie ce qui m’tombe sous la main

J’ai eu la piqûre quand j‘étais jeunot
J’évite autant que je peux les problèmes
Je suis à mon meilleur quand y fait beau
Et quand ça se gâte je rigole quand même

Je suis un grand jouisseur de la bonne bouffe
Mon bonheur suit le chemin de ma bouche
Je goûte autant les fleurs que les gigots
Je suis épicurien c’est mon défaut

Faut pas trop s’en faire pour les bidules
Pour toutes ces machines qui nous calculent
Y a que le plaisir qui nous fait du bien
Et dès qu’on a une chance on fait pu rien

Les plaisirs de l’amour je le confesse
Ramène son homme sur ses fesses
Mais seul l’amour le comble et le soutient
C’est ce qui le distingue de son chien

Quelque chose qui manque

Paroles _ Denis Girard (juillet 2011)

J’ai pas d’homme
Juste des cons
Qui m’ennuient
Comme c’est long
Des messieurs
Mal barrés
Qui ont peur
D’s’engager

Elle avait connu des hommes trop petits,
Ils l’avaient aimée certes mais pas assez
D’autres l’avaient entourée de douceurs
Mais sans y mettre vraiment tout leur cœur
Elle avait pensé un jour se marier
Mais les deux familles s’en étaient mêlées
Et las le tourtereau l’avait plaquée
Elle trop orgueilleuse n’avait pas rappelé

Y a plus d’homme
Des enfants
Qui voudraient
Une maman
Comment faire
Pour trouver
Un vrai mec
À aimer

Dans sa vie elle n’a jamais eu de chance
Pour les hommes toujours quelque chose qui manque
Un amant qui a peur de s’engager
Un actif qui ne peut pas s’arrêter
Un parleur qui ne sait pas écouter
Un logique qui a peur d’ses sentiments
Elle ne sort jamais le bon numéro
Quand elle y pense juste des gros zéros

Y’a pas d’homme
Pas d’homme
Pas d’homme
Juste des femmes
Des bonnes femmes
Qui s’pavanent
Qui s’désâment
C’est un drame

À chaque jour c’est l’amour qui lui manque
Et tous ces amis qui veulent la gâter
Ces frères, ces sœurs là pour bien l’ entourer
Ne pourront jamais la réconforter
Il n’y a qu’elle qui peut se le donner
Et dès qu’ils partent elle se sent désertée

Y a son père
Occupé
Et son coeur
Enfermé
Pas un mot
Le silence
Une fillette
Délaissée

Sans coeur

Paroles _ Denis Guépard (février 2011)

Elle avait un regard d’ange
Plein de tendresse et de douceur
Mais pour son corps c’était étrange
La diablerie de ses rondeurs

Je ne dirai rien de ses jambes
J’ai tout dit à mon confesseur
Le mouvement et la cadence
La valse de son postérieur

Elle ne fit rien pour me séduire
Comme le pire des laiderons
Il lui suffisait de sourire
Et j’étais tout en pâmoison

La mettre au lit pas très facile
quelques années de dur labeur
Avec une cour des plus fébriles
L’engagement et la ferveur

Bien sûr son corps était sublime
Et la passion dura des heures
Mais elle jouait bien la coquine
La belle n’avait pas de cœur

Après des années de mariage
Elle lui dit d’un ton moqueur
Fais ta valise prends ton bagage
J’ai trouvé mieux que ta valeur

Dieu était sûrement ivre
Le jour où il l’a dessinée
La perfection dans chaque ligne
Mais pas une âme pour l’habiter

Mais la belle n’était qu’une sans cœur
Il n’y avait rien sous sa poitrine
Pas de moteur dans la machine
Juste le vide qui faisait peur
Même pas une toute petite lueur
Gare à la belle qui n’a pas d’coeur

Sisyphe

Paroles_ Denis Girard (Novembre 2009)

Le ciel me tombe sur la tête
Des tonnes de feuilles comme une tempête
Yen a partout. ça m’rend malade
J’passe mon temps à les ramasser
Le vent les souffle de mon côté
La fin d’semaine va y passer
Quand est-ce que ça va arrêter

On dirait une malédiction
Venue du ciel comme de raison
La nuit je rêve que j’roule une pierre
Jusqu’en haut d’une montagne de verre
Quand je pense que j’suis arrivé
Là à déboule de l’autre côté

Dans deux mois ça va être l’hiver
Avec la neige la même affaire
J’ai toujours détesté pelleter
Ça va faire comme l’année passée
Le jour de la plus grosse bordée
Ma maudite souffleuse va péter
Pis là le cave y va rusher

Pourquoi les hommes sont condamnés
A toujours toute recommencer
Dans les amours et au travail
On s’fait souvent donner not’ bleu
Là on se retrouve les larmes aux yeux
Mais une fois qu’on a tout perdu
On regarde d’l’autre côté d’la rue

Le bon Sisyphe très très patient
Ramasse toutes ses feuilles en chantant
Fait des montagnes pour les enfants
Et quand il voit l’hiver venir
Heureux il se met à courir
Dans les entrées de ses voisins
Il aime déblayer le chemin

Après quelques centaines d’années
Le vieux Sisyphe a tout pigé
La vie prend plaisir à défaire
Les Titanic construits en fer
Toutes les illusions des humains
Qu’ils peuvent contrôler leur destin
Il fait son lit à chaque matin

Thetford

Paroles _ Denis Girard

Faut pas s’r’trouver comme Job
Pauvre lui y a perdu sa d’job
Son patron l’a sacré dehors
Y a perdu sa maison son char

Y’avait une bonne job à mine
Asteure y fait des jobines
Y’avait même pu de syndicat
Les boss ont jamais aimé ça

Y’é même retourné à messe
Le p’tit Jésus les promesses
Mais Dieu l’a même pas écouté
Y’a dit d’arrêter de chialer

Mais Job a beaucoup d’enfants
L’hypothèque et les paiements
Il a d’mandé à Lucifer
Parce qu’il savait pu comment faire

Job a fini son chômage
Pardu sa femme son ménage
Satan lui a sauvé la vie
Lui a tout prêté à crédit

Job est devenu fermier
Dans un rang très éloigné
Y passe ses journées dans sa grange
C’est ben payant mais c’est étrange

Y’l’ont arrêté hier
Y’ont saisi toutes ses affaires
Des gros plants de pot dans sa grange
Cachés dans des sacs de vidanges

Me’v’la rendu pauvre comme Job
Moi aussi j’ai perdu ma job
Y’ont toute fermé la Magnola
On aurait jamais pensé ça

Mais qu’est-ce qui fait le gouvernement
Y coupe partout c’est écoeurant
Les villes se brisent en mille morceaux
J’ai peur que ça saute à nouveau

Ti-Poil

Paroles _ Denis Girard
Avril 2010

Ti-poil, ti-poil merci ti-poil
Pour le Québec et le P.Q.
Un grand pays imaginé
Un grand combat, presque gagné
Et tous nos gens en changement

C’était d’la marde la politique
Des magouilles et des pots de vin
Avant tes p’tits cours théoriques
Avec ton émission le point
Ça devenait clair tout d’un coup
L’idée de nationaliser
L’électricité dans nos mains
Et des tarifs moins élevés

C’ta cause de toé mon bon René
Toé le premier des Québéquois
Si tout un peuple s’est retrouvé
Fier de parler sa langue chez soi
Fier des produits créés ici
De son savoir de son génie
Et on s’est mis à s’épauler
Heureux à s’fêter comme des rois

Pis y a eu les référendums
Tu le voulais tant not’ pays
Les libéraux te l’ont volé
Le fédéral nous a trompés
Mais ça fait rien mon cher Ti-poil
J’m’habille le cœur de not’drapeau
Fier de savoir ce que l’on vaut
La fleur de lys pour seule étoile

Tu avais de très bonnes idées
L’équipe pour les réaliser
Mais notre peuple partait de loin
Les bons curés et leurs p’tits pains
La confiance c’est long à construire
Et tellement facile à détruire
Il suffit d’un autre libéral
Plus faux que l’bonhomme carnaval

La plus belle des révolutions
Tu l’as réussi sans canons
Juste à parler d’une nation
De travailleurs sans concessions
Dans les usines dans les bureaux
On s’est senti un peu plus beau
Tu nous as fait un vrai cadeau
Qu’on peut léguer à nos enfants

Sur not drapeau la fleur de lys
C’est un cadeau des rois français
Un vieux symbole qui leur restait
Avant que les anglais les câlissent
En dehors d’ la pauvre Amérique
Depuis c’temps-là on est colon
Avec les anglais comme patron
Merci encore mon bon René
Pour leur avoir rivé le nez

Cette chanson n’en finit plus
Comme le combat de cette nation
On n’en parle plus sus l’coin des rues
On rêve de promesses d’élection
Et on brandit le gros squelette
De la vieille et laide pauvreté
On r’met not’av’nir à demain
Sous la vieille peur d’être ruiné

Tu sais ti-poil y a beaucoup d’jeunes
Qui n’ont jamais eu froid aux yeux
Qui savent rêver sans avoir peur
De prendre leur place le cœur heureux
Ils se moquent des oiseaux d’malheur
Qui lèchent le derrière des anglais
Ils choisiront eux la bonne heure
Pour se faire un pays un vrai

Il manque souvent juste un ti poil
Pour changer les choses qu’on voulait
Pour travailler la tête haute
Pour parler français à Montréal
Pour libérer les libéraux
De ses menteurs de ses idiots
Pour sortir un nouveau Québec
De sa terre de froid et d’échecs

Trou noir

Paroles _ Denis Girard (juillet 2011)

Assis sur un très gros canapé
Un homme délicieusement couché
Avec une commande à la main
Il appuie sur de jolis boutons
Et oups son dîner bien préparé
Et un breuvage exquis tout givré
La télé trois-d le fait rêver
Plus jamais besoin de se lever
Le bonheur et la facilité
Il vivra au moins jusqu’à cent ans

La science a remplacé tous les dieux
Au diable le beau ciel et l’enfer
Il n’y a plus jamais de mystère
La vieillesse, toutes les maladies
Les savants trouvent une explication
Et un jour les remèdes viendront
Les pires cancers et même le sida
Ne pourront pas longtemps résister
Au grand génie de l’humanité

La vie écoute mon petit garçon
C’est rien qu’une question de boutons
Si tu as dans les mains une manette
Les richess’ te tomb’ront dans les mains
C’est la seule clef de tous les plaisirs
N’aie pas peur de ton obésité
Fais attention si tu dois marcher
Tu as des robots pour te servir
Alors ne pense à rien, tu peux jouir

N’écoute pas Einstein qui disait
Tout au fond de l’azur infini
Il y a les grands trous noirs, une porte
Sans aucune mémoire, un trou
Ouvert tout béant sur le plus grand
des néants, Si c’est le derrière
D’un dieu, non mais ce n’est pas sérieux
La fin c’est un peu comm' le début
Un jour on ne comprend plus et puis
On a peur, vraiment, vraiment très peur

Un homme tient un révolver

Texte _ Denis Girard (2010)

Dans un gros bourg cossu et florissant du nord de ce pays
Où les gains de capital font rêver les tout-petits
Un vieil homme tient fermement un revolver au bout de sa main
Il se prépare depuis longtemps le choix de l’arme les cours de tir
Il n’a rien laissé au hasard il a tout planifié minutieusement
Il est dans son droit et ses intentions sont louables
Il veut punir un salaud écraser un être méprisable
Il met en joue un financier qui a ruiné beaucoup de petits travailleurs
Il leur a volé leur retraite les efforts de toute une vie
L’homme d’affaires vient de recevoir sa liberté conditionnelle
Le vieil homme l’attendait à la porte de la prison
Le vieil homme connaît plusieurs de ses victimes
L’une d’entre elles s’est donné la mort découragée
Cette personne était le père du vieil homme et il a décidé de le faire payer

Il ne croit ni à Dieu ni aux hommes
Il n’a plus rien à perdre sa femme vient de le quitter pour toujours
Il a décidé de faire quelque chose d’utile pour la vie
Il va débarrasser la Terre d’une charogne
Il ne ressent aucune culpabilité juste une joie secrète
Comme quand on est sûr de faire le bien
La justice laisse les crapules voler impunément les pauvres gens
Il faut bien que quelqu’un s`en occupe vraiment
Il se sent suffisamment généreux pour défendre cette cause
Les voleurs de vie sont nombreux par ici

Un jeune homme le suit de loin une carabine à l’épaule
Il a le doigt sur la détente il suit le vieil homme dans sa mire
Il veut bien faire son travail de policier frapper au bon moment
Il doit tirer son épingle du jeu, montrer ce qu’il sait faire
Il sue tant il a peur il doit agir au plus vite
Mais le temps s’étire à n’en plus finir
Son téléphone vibre sans arrêt
Est-ce son capitaine, un collègue qui sait
Il peut tout perdre à répondre

Le suspect au bout du fusil
Qui est au bout du fil
Il est responsable de la surveillance
La moindre erreur et son poste est perdu
Tout peut changer en un instant
Soudain le vieil homme appuie sur la détente
Le financier s’écroule une balle en plein front
Il n’a eu aucune chance mort sur le coup
Le policier est atterré sa main tremble il doit faire quelque chose
Il tire à son tour pour ne pas laisser le vieil homme s’échapper
Le vieil homme se retourne en se tenant l’épaule
Le policier fait feu à nouveau pour l’empêcher de fuir
La balle traverse la poitrine du vieil homme qui s’écroule

Un jeune homme de 18 ans regarde le film à la télévision
Il approuve la conduite des deux hommes
Il y a des moments dans la vie où il faut agir
Tuer parce qu’il faut punir un crime odieux
On peut tuer quelqu’un si on a une bonne raison
C’est une affaire de logique
Il faut que justice soit faite à tout prix
Ses parents viennent de divorcer
Son père a abandonné sa mère pour une autre femme
Dans sa religion c’est très mal une faute très grave
Et sa mère ne cesse de pleurer depuis des jours et elle veut mourir
Il ne sait plus quoi faire il a peur pour elle
Sa jeune sœur de 14 ans a pris la défense de son père
Elle refuse de consoler sa mère et elle l’accuse
Ils s’engueulent et elle pleure et il essaie de raisonner sa soeur
Elle se moque de lui et l’envoie promener
Un soir après une chicane la sœur frappe sa mère au visage
Elle s’enfuit dans sa chambre
Le grand frère la force à ouvrir
Il faut mettre de l’ordre
Protéger sa mère de toutes ces blessures du monde de son père
C’est une affaire de logique
La raison est de son côté
Le jeune homme prend son couteau et frappe sa sœur
Elle s’écroule
Le jeune homme ressent une immense paix
Il ne regrette rien
Il regarde le sang dans sa main et il pleure

Vertige

Texte _ Denis Girard (février 2011)

Je sens un vertige ça tourne et j’ai peur je cherche ma montre pour l’heure. Je fige comme si j’avais perdu, une idée sur le coin d’une rue je ne sais plus très très bien l’endroit le lieu et le chemin, où suis-je? ce n’est pas ma maison cet homme, mais quel est son nom, c’est mon fils comment avais-je oublié, dans mon ventre et toutes ces années, a-t-il lui aussi des enfants? combien? sont-ils petits ou grands? C’est magique de pouvoir reparler des gens après tant d’années. Le fil de l’intimité renaît pour lui raconter ce qui est vraiment arrivé, repenser et retrouver ce qui m’avait échappé, la panique. J’ai si peur de mourir. La nuit quand va-t-elle finir j’ai d’la misère à respirer mon cœur va-t-il me lâcher cette chambre je ne la connais pas. J’entends du bruit et des pas, les portes sont-elles bien barrées va-t-on venir m’attaquer? C’est pénible j’ai mal à mes jambes, j’essaie un peu de me lever les crampes je vais m’écraser, la marchette vient de me sauver. J’ai la vie, il fait si beau aujourd’hui, la belle tranquille, la vie facile, ma fille me sert à dîner je suis comblée et rassurée encore une belle journée, je chante, elle rit, elle fait tout pour me gâter quelle chance j’ai d’être entourée je suis fière j’ai réussi ma vie. Le fil défile raconte mon destin je lui parle de ce dont je me souviens ma famille comme les doigts de ma main trois fils tous bien instruits une fille ma meilleure amie un seul homme mon amour mon mari. Parti de l’autre côté d’la vie. Hier il m’a tellement adoré, en fou durant toutes ces années il n’était pas facile à vivre mais c’était l’homme du grand livre le livre de ma belle vie, ma place est vraiment ici un vrai supplice, tous ces médicaments, le prix pour mes beaux moments. On me dit que j’ai encore vieilli mais l’âge ne m’a jamais rien dit, j’ai l’âge doux de mon cœur pourquoi est-ce que l’on meurt je suis inquiète ça m’agace et m’embête pendue au dessus de ma tête l’horloge j’ai peur qu’elle s’arrête qu’y a-t-il après la vie, et si Dieu m’avait trahie. Ne me parlez pas d’espoir il n’y a que la vie. Ah ce vertige, je tombe dans le vide un trou si grand c’est terrible personne pour me retenir je prie qu’on vienne me secourir ma chute ne va jamais finir des heures peut-être des années je cherche des yeux que je connais des vieux des jeunes des sœurs des curés. Mais il n’y a que des étrangers. Qui me sourient comme des amis, je les ai jamais vus de ma vie mais peut-être les ai-je déjà rencontrés ailleurs il y a des années je deviens folle partout tout est noir un mur de nuit quelque part je crie pas le moindre espoir personne ne m’a entendu savent-ils que j’ai disparu? ils vont venir me chercher ils vont pas me laisser tomber. Je n’ai plus mal nulle part, ça c’est pas normal un peu bizarre ça ne m’est jamais arrivé, les pilules m’ont-elles droguée, il faut attendre ne pas s’énerver et si c’était ça la mort, j’étouffe, je sens que je pars, mais non, je m’affole et j’ai tort. J’ai vraiment, vraiment peur. Tellement que c’est presqu’une douleur. Patience, je suis toujours vivante. Le vertige est là dans mon ventre.

Vision

paroles_ Denis Girard (décembre 2013)

Je ne crois pas que tu me vois
Comme je suis au fond de moi-même
Je n’ crois pas que tu sens ma voix
Amoureuse comme chant de baleine

Le quotidien au jour le jour
Confond l’amour et les problèmes
Le p’tit train-train sabote les liens
Les grands toujours de nos je t’aime

Les cris d’enfants les lourds tourments
Les nuits trop longues et les migraines
Les affrontements les rêves trop grands
Tuent les désirs gâchent les semaines

Nos cœurs d’enfant luttent pourtant
À chaque jour chaque semaine
Nos sentiments tendres et brûlants
Traversent tempêtes et froid qui saigne

Je ne crois pas que tu me crois
Quand je te chante mes poèmes
Je ne crois pas que tu nous vois
Prier l’amour de nos mains blêmes
 

Yukon

Paroles _ Denis Girard

Yukon, Yukon, on, you qu’on n’é
Tout est couleur d’éternité
J’vois pas où commence la journée
C’est tu icitte que je suis né

Tiens bien la bride au cheval blanc
Sur tes chemins aux quatre vents
La boussole ne connaît que le nord
La lumière monte dans ton corps

Chasseur d’azur et d’infini
La beauté calme ta douleur
Les phoques te prennent pour l’un des leurs
Les pingouins ne dorment plus la nuit

Tu trouveras pour t’assoupir
Une fille aux iris de glacier
Le corps finement ciselé
Par un inuit en plein délire

La musique n’a pas de frontière
La peur jazze en plein désert
La contrebasse fait son chemin
Le rythme est de plus en plus faim

Les montagnes se laissent dominer
Voler leurs cimes inexplorées
L’abîme se cache dans nos souliers
Le voyage vient de commencer

Ch’ te vois courir le bout du monde
À travers tes mots de cristal
Je sens un froid transsidéral
Je lance mon cœur comme une sonde

Tout mon amour autour de toi
L’ancien habite un ours gris
Qui t’enlace et te sourit
Dans son igloo de rêveries

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