Paroles : Denis Girard.
Musique : René Béchard.
Voix : Élyse Béchard, René Lefebvre.

Le peintre vit dans ses souvenirs
Il met les voiles sur ses toiles

Le peintre vit dans ses souvenirs
Au cœur de ce petit village
Où la magie dessinait les images
De la vie d’un peuple sage
Qui grandissait sans ambages
Sous l’œil du curé qui veillait
Ses ouailles qui pêchaient le plaisir
De l’évêque drapé dans sa prestance
Avec grâce et fière contenance
La vie était faite de dimanches
Où le bonheur chantait au jubé

Son pinceau sait le rajeunir
Ouvrir les chemins des étoiles

Le peintre parle de son village
Quand la vie faisait bon ménage
Le diable jouait les bedeaux
Derrière la chaire pour les sermons
Le curé prêchait comme un démon
Le ciel tournait au bleu l’enfer au rouge
La quête encaissait les dollars
Le clergé veillait sur l’or et le grain
Les bonnes sœurs en soutanes
Angéliques sous leurs cornettes
Se rendaient gaiement à la messe
Les cloches sonnaient les saisons

Son chevalet sait le conduire
Au-delà des masques et des voiles

Le peintre ricane avec malice
Des péchés cachés sous la table
Du printemps au sirop d’érable
Des amoureux aux épousailles
De la carriole qui se rend à l’office
Des chevaux dansant en cadence
Sur la neige blanche du matin
Il suit l’habitant au bout du champ
Posant la fourche après les foins
Goûte la miche du bon pain
Récite le chapelet à genoux
Court les hôtels avec les filous

Il parle en ombres et en lumière
Devine les figures et les signes

Le peintre construit des énigmes
Son pinceau trace les lignes
Cache les rêves et les secrets
Il raconte les joies et les drames
De toutes ces bonnes âmes
Qui accouchent de ses mains
Il fait jaser sur ses toiles
L’oiseau et la feuille de l’arbre
Construit le calme et l’harmonie
Il connaît de Dieu les largesses
Donne la vie avec noblesse
S’abandonne au pire des courroux
Tue celui qu’il désavoue

Il perce les regards des pierres
S’abreuve aux célestes vignes

Le peintre s’abandonne à l’ivresse
Des jolies filles que la nuit caresse
Le violon met le cœur en liesse
Les hommes dévissent les flacons
On trinque à la bonne récolte
Aux petits qui entrent à l’école
Aux promesses folles de l’avenir
Demain comblera tous les désirs
La voix de l’orgue monte à l’église
Les vieilles filles grignotent complices
Les plus belles réputations

Le peintre chante ses souvenirs
Sur une musique de satyre

Le peintre mène la jacquerie
Contre la violence et la bêtise
La vie de demain lui semble grise
La sagesse du passé lui sourit
Le peintre étale sa palette
Le temps bascule par la fenêtre
C’est le voyage dans le temps
Il voit son père et le village
Sa mère dresse la table
Ça sent la terre et le printemps
Soudain le peintre a vingt ans
Tout le monde l’attendait pour la fête
La musique monte dans sa tête
Il est minuit il va renaître
Entre les cuisses d’une beauté
Le peintre est ressuscité

Le peintre vit dans ses souvenirs
Il met les voiles sur ses toiles
Son pinceau sait le rajeunir
Ouvrir les chemins des étoiles
Son chevalet sait le conduire
Au-delà des masques et des voiles
Il parle en ombres et en lumière
Devine les figures et les signes
Il perce les regards des pierres
S’abreuve aux célestes vignes
Le peintre chante ses souvenirs

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