Oh toi ma folle douleur
C’est toi qui m’as mis au monde
Tes cris tes plaintes ta peur
Raisonnent au fond de ma tête
Forcent le rythme de mon cœur
Tu m’as forcé à me battre
À braver ma frayeur
Parmi la horde d’étrangers
À reconnaître l’ami
Toi ma précieuse douleur
Mon fils porte bien ta marque
Sa sagesse se nourrit
De la lumière que tu jettes
Sur nos cœurs endoloris
Il sait la valeur des choses
Le lourd prix de la beauté
Il guette tes vagues ta tempête
La faiblesse de ta colère
Toi ma secrète douleur
Ma femme a les yeux meurtris
La souffrance sur elle se lit
Je l’ai trouvée la plus belle
Tellement fière insoumise
Sous les duperies des gredins
Tu m’as dit c’est ta promise
Son sourire tendre et mutin
Parle des offenses en son sein
Oh ma puissante douleur
Quand reposée assouvie
Tu laisses poindre le bonheur
Tu tiens la terre dans tes mains
Elle tremble sous la guerre la faim
Toi mère de l’humanité
Tu tortures pour enseigner
Le prix qu’il nous faut payer
Pour apprendre à nous aimer
Toi ma plus noble douleur
C’est la grande fête dans ma tête
Mon amour va arriver
Les poignards dans son ventre
Une autre ignoble maladie
Que s’épuisent le jour la nuit
Endors-toi la belle douleur
Laisse-nous encore quelques heures
Laisse passer un clair de lune
La joie file s’évanouit
Mon omnisciente douleur
Tu célèbres ta victoire
Au début en fin de vie
Les larmes tes fruits les plus doux
Toutes les vérités en prime
Les vieux sages te chantent leurs hymnes
Tous ces gens unis ensemble
La paix dans ces yeux humains
La souffrance est une amie